« Allo Roger!
Tu ne me connais pas.
On est nés tous les 2 en 1981 à un mois d'intervalle.
Toi en aout à Bâle en Suisse.
Moi en septembre à Charlesbourg au Canada.
Malgré les quelques semaines et les 6000 km qui nous séparent, c'est surprenant comment ton parcours dictera plein choses dans le mien.
Durant près d'une vingtaine d'années, peu importe ce que j'aurai le lendemain, au mois de janvier je vais mettre des alarmes pour me réveiller à 3:00 du matin pour passer la nuit à regarder tes matchs en Australie.
La fin aout a toujours été difficile pour moi. La fin des vacances, la fin du beau temps.
Tes matchs au US Open seront pour moi un baume sur cette période de l'année.
Tes victoires et défaites vont m'accompagner durant tout mon parcours d'adulte.
[...]
Hier soir c'était ton dernier tour de piste à la Laver Cup.
Je me lève ce matin avec un sentiment qui ressemble à un deuil amoureux.
Je me pose la question. Pourquoi ça me fait si mal?
Ce n'est qu'une retraite sportive.
On ne se connaît même pas.
Je crois que ta retraite est pour moi le symbole du temps qui passe.
Que rien n'est éternel.
Que tout a une fin.
Une carrière sportive.
La jeunesse.
La vie de mes chiens, la vie des gens que j'aime, la mienne.
La vie est un manège qui n'a pas demandé notre permission.
Ta retraite me rappelle que, en plus, ce manège n'est pas éternel.
Le tennis, ce sport dont je suis amoureux, tu l'as pratiqué de façon à créer des émotions qu'habituellement seul l'art peut créer.
Merci pour tout Roger. »
